edenwë. {u.c}

Il était une fois...


Nom : Edenwë.
Surnom : aucun en particulier.
Âge : trente-trois lunes [deux ans et sept mois].
Tribu : solitaire.
Famille : n'est plus.


Les sursauts de mon âme balayent lentement mon passé.


La clairière était couverte de feuilles mortes. Le vent balayait lentement le sol, sans se soucier de qui il trouvait sur son chemin. Au centre du cercle formé par les hauts pins, une louve, allongée. Elle paraissait souffrir atrocement. Bientôt, trois louveteaux la rejoindraient. Mais en attendant, elle était seule, parcourue de spasmes. Elle se mit à gémir. La douleur était atroce. Tout ce qu'elle souhaitait, c'était que cela finisse. Et qu'elle survive. Sa mémoire se mit à travailler... ses plus lointains souvenirs remontaient. Comme ce jour où...



« Eh, tu vires de là, on est pas cousins !
- Mais, Ad'...
- J'ai envie d'être tranquille aujourd'hui. Lâche moi les pompes.
- J'ai pas envie de bouger, moi.
- Alors c'est moi qui me tire. À plus. »

La louve regarda Aden s'éloigner avec tristesse. Les yeux brillants, elle se retrouvait seule, comme d'habitude. En même temps, il n'avait pas tort. Il ne lui devait rien. Elle baissa la tête et tomba sur le morceau de viande qu'elle avait apporté pour manger avec Ad'. Ce n'était qu'un prétexte. Elle n'en voulait plus. Elle lui jeta un coup de patte dédaigneux puis s'en alla.

Elle alla au bord de la rivière, et voulut se jeter dans l'eau. Elle aimait nager, de temps en temps. C'était son père qui lui avait appris. Son père... elle ferma les yeux.

« Qu'y a-t-il, petite ? »

Elle se retourna vivement et montra les crocs. Elle se mit à grogner.
Face à elle, une vieille louve blanche. Enfin, blanche... d'après les quelques touffes de poils qui lui restaient sur le dos. Elle avait la voix tremblotante et était rachitique. Vu l'odeur – pas très agréable, d'ailleurs – elle était solitaire, et elle doit vivre dans le purin, pensa la louve fauve.

« Qu'est-ce que ça peut vous faire ? Et puis d'abord, que faites vous ici ? Vous n'avez pas le droit !
- Je suis ici, je suis là-bas, je suis partout. J'installe mes quartiers pour quelques lunes, puis je repars. Je ne connais pas les us de votre forêt... excuse moi si je n'ai pas le droit d'y être. » Elle marqua une pause, et observa longuement la louve fauve. « À présent, dis-moi... quelque chose te tracasse. »

La louve se renfrogna.

« Je... j'aime quelqu'un, mais c'est loin d'être réciproque.
- Aaah... la vieille histoire de l'amour à sens unique, dit la vieille de sa voix toute éraillée. Et aujourd'hui, il t'a ignorée, n'est-ce pas ?
- Oui. »

La louve se renfrogna un peu plus encore. Un long silence suivit son approbation. Elle n'osait rien dire. La louve blanche, en face d'elle, souriait de sa bouche édentée. Enfin, elle parla.

« Écoute, je te propose un marché... » La louve fauve releva la tête. « Je t'aide à séduire ton loup, et en échange, tu m'apportes à manger et tu me laisses rester sur ces terres. » La louve fauve réfléchit un instant. Une aide ne serait pas mauvaise, et il lui serait facile de chasser un peu plus.

« Marché conclu ! »



... ce jour où elle avait signé son arrêt de mort. Une nouvelle contraction, violente, la coupa dans son souvenir, et elle fut pliée en deux par la douleur. Ah, comme elle regrettait...



Elle avait enfin réussi ! À présent, tout le monde connaissait ce couple, Aden et Illya. Ils se promenaient côte à côte, et même si la mine d'Aden affichait toujours un air renfrogné, cela ne ternissait pas le sourire d'Illya. Elle était aux anges, et même si quelque chose semblait clocher, elle n'y prêtait pas attention. Plus maintenant. Et cela faisait un certain temps déjà. Mais aujourd'hui... Illya finit la journée les joues mouillées par ses larmes. Aden lui avait annoncé qu'entre eux, ce n'était plus possible, et avait quitté la tribu. Elle était détruite, mais lorsqu'Alweth s'en alla après s'être confié à elle, ses yeux brillaient d'un éclat nouveau : la rage.

Elle alla trouver la vieille louve blanche et se jeta sur elle. La patte sur son cou, les griffes sortit, elle la questionna.

« Mais qu'est-ce qui se passe ? demanda la louve blanche.
- Il se passe qu'Aden m'a quittée...
- Oh, je suis désolée... mais pourquoi t'en prendre à moi ?
- Parce que je sais que tu sais quelque chose !
- Hein ?
- Je sais qu'il est venu se confier à toi, je le sais... alors répètes-moi tout ce qu'il t'a dit, ou mes griffes s'enfonceront si profondément dans ta chair que tu sentiras une atroce douleur sans pouvoir mourir !
- Aïe ! D'accord, je vais tout dire, mais lâche moi ! » Illya rentra ses griffes, mais garda sa patte sur le cou de la vieille.
« Il est venu ici, et de fil en aiguille, nous avons parlé. Il m'a dit, mot pour mot : “Je ne l'aime pas. Je ne la supporte pas. Mais j'ai accepté de me mettre avec elle, de faire semblant de l'aimer, parce qu'elle me harcelait. Je n'en pouvait plus ! Sauf qu'aujourd'hui, elle est pleine. Je ne sais pas ce qui m'a pris. Elle m'a encore harcelé : faisons des petits ! faisons des petits ! Elle est insupportable. Je ne l'ai jamais aimée. Et maintenant... je ne peux plus.” Voilà, c'est tout ce que je sais... »

La louve était effondrée. Ramassée sur elle-même, elle se mit à pleurer, encore et encore.

« Je... hasarda la vieille au bout d'un moment.
- Tais-toi ! Vas-t-en, vas-t-en ! Pars, et ne reviens jamais, tu entends ? JAMAIS ! »

Et elle resta là, à pleurer toutes les larmes de son corps.



Et aujourd'hui, toute la souffrance qu'elle endurait, c'était à cause de lui. Plus rien ne tournait dans sa vie, et elle haïssait ces petits. Lorsque le premier arriva, elle le nomma Madhen. Le second fut prénommé Zaël. Quant à la troisième, ce fut Edenwë. Lorsque tout fut fini, elle se leva, et, sans jeter un œil à ses petits, elle s'enfuit.

Voici la naissance d'Edenwë. Tout ce que sait sa mère. Quant au reste... sa mémoire n'en conserve aucun souvenir.




Pseudo : Melo.
Code : Affirmatif.